Vers le Sénégal 🇸🇳 – Jour 1 (29 novembre 2024)
Nous quittons l’archipel des Canaries après un mois et demi de découvertes inoubliables. Des paysages volcaniques spectaculaires 🌋, des falaises abruptes, des plages de sable noir, et une végétation luxuriante nous ont accompagnés tout au long de notre séjour. Nos explorations à pied, nos mouillages idylliques, et nos escales dans les ports nous ont permis de goûter pleinement aux charmes de chaque île. C’est avec un pincement au cœur, mais l’excitation de l’aventure à venir, que nous mettons le cap sur le Sénégal 🇸🇳.
Partis d’El Hierro en milieu de matinée, sous un beau soleil, nous trouvons rapidement un bon vent qui nous propulse à 7-8 nœuds. La mer est impressionnante, formée de deux houles : l’une rapide et serrée venant de l’est, et l’autre immense et régulière venant de l’ouest, avec des vagues de près de 4 mètres. À chaque creux, l’horizon disparaît, nous enveloppant dans un cocon marin.
L’événement du jour arrive avec le doux bruit tant attendu de la ligne qui file. Toute l’équipe se met en action dans une chorégraphie bien rodée : ralentir le bateau, préparer crochets, épuisettes et harnais. Le capitaine bataille avec le poisson qui plonge profondément sous la coque. Après un bel effort, nous remontons une splendide prise : un thon de 6,6 kilos !
Le nettoyage se fait sur les marches arrière, digne d’un Dexter des mers. La découpe suit, moitié en filets pour du sashimi 🍣 le lendemain, moitié en dés pour un cari de poisson préparé aussitôt par Garance. Le curry, servi au dîner, est un pur délice, le goût du poisson frais sublimé par une préparation simple et savoureuse.
La nuit tombe, enveloppant le bateau d’une obscurité dense. Aucune lune ni étoile, mais une brume mystérieuse qui renforce la solitude du large. Quelques étoiles parviennent à percer le voile céleste, ajoutant une touche de poésie à ce moment unique.
Nous avançons à bon rythme vers notre nouvelle destination, prêts à découvrir les merveilles du Sénégal et du fleuve Saloum. L’aventure continue ! 🌍
Vers le Sénégal 🇸🇳 – Jour 2 (30 Novembre 2024)
Deuxième jour de navigation vers Dakar. Le vent n’étant pas assez soutenu, nous avançons au moteur, ce qui a au moins l’avantage de maintenir les batteries chargées. Le soleil brille généreusement, mais les journées sont courtes, et dès 18h, l’humidité nous pousse à enfiler pulls, chaussettes et chaussures tout en fermant les écoutilles. Le midi, nous savourons les sashimis de thon rouge pêché la veille, un régal qui anime nos discussions culinaires sur les recettes à venir. En plein repas, notre ligne s’emballe à nouveau : une daurade coryphène vient compléter notre stock. Tandis que ses filets sont préparés pour des papillotes, nous repérons des dauphins au loin. Tous alignés avec jumelles et téléphones, nous espérons les voir de plus près, mais nos amis cétacés restent timides.
La mer est calme, avec une houle longue et espacée qui rend la navigation douce mais ralentit notre progression. L’ambiance à bord est détendue : lecture, jeux de société, et petits moments de sieste rythment la journée. Après avoir cuisiné les restes de thon en rillettes avec du citron et du fromage frais, la capture de la daurade nous enthousiasme tous. Le dieu du poisson semble avoir décidé de se faire pardonner ces derniers mois de disette, ou peut-être est-ce la chance apportée par Elo et Olive ? Plus tard, un immense banc de dauphins se manifeste au loin, sautant joyeusement dans les vagues sans toutefois s’approcher. La nuit, le ciel dégagé dévoile une Voie Lactée majestueuse, ornée de nombreuses étoiles filantes. Sous l’eau, la bioluminescence éclaire des formes mystérieuses, rappelant que l’océan regorge de vie.
Vers le Sénégal 🇸🇳 – Jour 3 ( 1er Decembre 2024)
Troisième jour de navigation vers le Sénégal. Le vent s’est levé en milieu de nuit, nous permettant de couper les moteurs et de naviguer en silence. Les quarts nocturnes se succèdent paisiblement, ponctués de petites activités pour passer le temps. Lors de notre quart, nous regardons un film sur Arte, un vrai plaisir partagé à bord. Ce 1er décembre, Raphaël marque le coup en ouvrant la première case du calendrier de l’avent, un contraste amusant avec notre environnement ensoleillé et isolé, où Noël semble bien loin. Starlink, capricieux, nous coupe du monde, renforçant ce sentiment d’évasion totale.
La journée s’écoule au rythme des sessions de lecture, d’exercices, de discussions, et de pêche, bien sûr. Une véritable routine semble s’être installée avec la désormais traditionnelle prise de 16h30 : aujourd’hui, une nouvelle daurade coryphène vient s’ajouter à notre stock. Celle d’hier, dégustée en papillote ce midi, a fait l’unanimité. Nous apercevons un immense tanker qui croise notre route, rappelant brièvement la civilisation, mais à part cela, nous sommes entourés d’un bleu infini.
À bord, chacun s’adapte à sa manière. Ce matin, une envie de fraîcheur nous pousse à improviser une toilette sur la jupe arrière : seau d’eau de mer en main, on s’arrose en essayant de ne pas se faire emporter par notre allure à 6 nœuds. L’eau est glacée, mais la sensation de propreté est revitalisante.
Le soir venu, pendant le quart de milieu de nuit, deux dauphins accompagnent le bateau, jouant autour de la coque dans une danse illuminée par la bioluminescence. Leurs silhouettes dessinent des traînées vertes scintillantes sous l’eau, un spectacle fascinant. À 3h, le capitaine se réveille pour ajuster notre cap après un changement de vent. Avec une empannage bien orchestré, nous regagnons deux nœuds. La journée s’achève sur ce doux mélange de routine et de merveilles océaniques, laissant chacun reprendre son souffle avant de repartir pour une nouvelle journée.
Vers le Sénégal 🇸🇳 – Jour 4 ( 2 Decembre 2024)
Quatrième jour de notre traversée vers le Sénégal. Le soleil continue de briller, et un bon vent portant nous pousse entre 8 et 10 nœuds sur une mer agréable. Nous avons la visite d’une grosse tortue, paisible, et d’un banc de dauphins qui, cette fois, restent à distance. Les matinées à bord suivent leur rythme, rythmées par des leçons d’anglais : verbes irréguliers et conjugaisons au passé n’auront bientôt plus de secrets pour notre moussaillon, entre les chansons pour retenir les verbes et celles pour les tables de multiplication. On termine aussi des lectures en cours : Le club des aventuriers de Mike Horn pour Raphaël. De son côté, Sophie termine Le gang des rêves de Luca di Fulvio, une fresque brutale mais touchante sur l’immigration italienne dans le New York des années 1920.
La journée est calme, sans nouvelle prise à la pêche, ce qui finalement nous convient bien après plusieurs jours de poisson. Au déjeuner, on opte pour des crêpes au jambon et au fromage, un vrai régal qui change un peu. Le soir, un coucher de soleil spectaculaire nous éblouit, suivi d’un show incroyable : un immense banc de dauphins s’approche du bateau, sautant haut hors de l’eau et retombant avec des éclaboussures impressionnantes. Ils semblent s’amuser et nous divertir à leur façon.
Avec leur danse illuminée par la bioluminescence, les dauphins transforment encore la nuit en un spectacle magique. Nous sommes désormais au large des côtes mauritaniennes, mais l’immensité de l’océan nous entoure toujours : pas de lumières, pas de bateaux, juste le bleu infini du jour et la noirceur étoilée de la nuit.
Vers le Sénégal 🇸🇳 – Jour 5 ( 3 Decembre 2024)
Sous un soleil de plus en plus chaud, Luliwa poursuit sa traversée vers Dakar sous spi, profitant d’un vent léger mais constant. Après l’arrêt des moteurs dans la nuit, l’équipage a eu l’occasion de partager un rare moment ensemble lors du petit déjeuner.
La navigation est marquée par l’apparition d’un immense cargo chinois transportant des grues de dockage, un contraste saisissant avec l’horizon bleu. Grâce au spi, le bateau maintient une vitesse impressionnante, atteignant des pointes de 12 à 13 nœuds. À ce rythme, l’arrivée à Dakar semble envisageable dès le lendemain soir.
Tout au long de la journée, le bateau est entouré de poissons volants. Ces derniers, perturbés par la vitesse de Luliwa, s’élancent dans les airs avant de retomber parfois maladroitement sur la coque ou le pont. Ce phénomène, bien que fréquent à ces latitudes, amuse l’équipage, surtout lorsque le bruit sourd des impacts résonne à travers le bateau pendant la nuit.
À bord, les activités s’enchaînent : enseignement à distance, sport, lecture, et même une séance d’arts plastiques inspirée par l’approche des côtes africaines. En fin de journée, un spectaculaire coucher de soleil colore la mer de nuances rosées, offrant un moment de contemplation à l’équipage.
La nuit apporte des conditions calmes et une chaleur agréable, témoignant de la proximité des zones tropicales. Avec une eau désormais à 27 degrés et un vent favorable, tout est réuni pour une traversée rapide et sereine jusqu’à Dakar.
Vers le Sénégal 🇸🇳 – Jour 6 ( 4 Decembre 2024)
Le sixième et dernier jour de navigation vers Dakar commence dans des conditions météorologiques changeantes. La prévision initiale annonçait une arrivée à 19h27, mais un vent contraire de sud-est complique les plans. Cette situation oblige le bateau à tirer des bords, doublant ainsi la distance à parcourir et triplant le temps nécessaire pour arriver. Avec 78 miles nautiques encore à parcourir, la traversée se révèle plus longue et exigeante que prévu.
La journée est marquée par une météo grise, une houle importante et des vents capricieux. Ces conditions rendent la navigation inconfortable, et plusieurs membres de l’équipage doivent recourir à des médicaments contre le mal de mer. De plus, les vagues mouillent fréquemment le pont, tandis que des déchets plastiques flottant à la surface témoignent de l’activité humaine à proximité. Malgré ces défis, chacun s’adapte, et une douche prise sur la plage arrière avant que la houle ne force davantage apporte un moment de répit.
En prévision de l’arrivée, l’équipage commence également un traitement antipaludique. Le vent, qui tombe et change constamment, nécessite des ajustements fréquents : prise et largage de ris, hésitations sur l’utilisation du spi. En soirée, un vent du nord se lève, propulsant le bateau à grande vitesse vers la péninsule de Dakar. Des pointes à 15 nœuds et un vent apparent de 35 nœuds contraignent l’équipage à réduire la voilure en pleine nuit, entre des cargos, dans des conditions exigeantes.
Malgré ces épreuves, le bateau arrive enfin en vue de Dakar. L’odeur de la terre, après plusieurs jours en mer, signale la proximité de la côte. L’équipage contourne le cap et ses petites îles pour chercher un mouillage abrité dans la baie de Hann, sans succès. Finalement, le bateau jette l’ancre devant la plage de Tiaroye à 2 heures du matin. Après 800 miles nautiques et 5 jours 16 heures de navigation, l’équipage atteint son objectif : Dakar.
Cercle de Voile de Dakar – Sénégal – (5 décembre 2024)
L’arrivée à Dakar marque une transition radicale. Dès les premiers instants, le changement est perceptible : une lumière laiteuse et diffuse, des odeurs mêlant fumée et épices omniprésentes, une atmosphère effervescente où pêcheurs, camions et taxis s’agitent sans relâche. L’équipage rejoint le Cercle de Voile de Dakar (CVD), point de ralliement des plaisanciers, principalement français, où l’entraide et les rencontres se tissent rapidement.
Le CVD est une véritable fourmilière où chaque besoin trouve une réponse : Moustafa gère le gaz, Aïcha la lessive, Mola les changes de devises, et Mama Tissu propose des étoffes colorées. L’accueil est chaleureux et facilite grandement les démarches administratives nécessaires : direction le commissariat de police puis les douanes pour régulariser l’arrivée et obtenir le pass pour la descente vers le Saloum.
Cette première journée à terre permet aussi de découvrir l’ambiance unique de Dakar. Les taxis, indispensables pour se déplacer, naviguent dans un chaos de routes bondées, bordées de marchands de rue, de chèvres et de petits stands alimentaires. La poussière et la pollution altèrent la visibilité, mais l’atmosphère reste vibrante et intrigante.
Après les formalités, un déjeuner bienvenu s’impose. À proximité du CVD, un petit restaurant de quartier offre un plat local copieux et épicé : du riz accompagné de poisson en sauce. Cette pause culinaire, simple mais savoureuse, reflète bien la générosité de la cuisine sénégalaise.
L’après-midi se passe entre repos à bord et exploration du CVD. L’accueil des autres plaisanciers et la découverte des habitants laissent entrevoir de futures rencontres enrichissantes. Dakar, avec ses contrastes et sa vitalité, promet une belle aventure pour la suite du voyage.
Cercle de Voile – Sénégal : Découverte et Partages (6 décembre 2024)
Cette journée à Dakar a été marquée par des rencontres enrichissantes et une immersion dans l’effervescence locale.
Le matin, Sophie et l’équipage ont remis des ordinateurs reconditionnés à Abdoulaye, un enseignant passionné, au nom de Solaine et de l’association United School. Enseignant dans un collège de 2 000 élèves à Dakar, Abdoulaye fait face à de nombreux défis : manque de matériel, classes surchargées de 90 élèves, et locaux délabrés. Ces ordinateurs, bien que peu nombreux, contribueront à améliorer l’apprentissage. Des discussions ont aussi ouvert la voie à de futures collaborations, comme des échanges pédagogiques ou des dons supplémentaires.
Pendant ce temps, Olive, Élodie, Garance et Raphaël ont découvert le centre de Dakar. Après avoir pris le TER, ils ont exploré la Place de l’Indépendance, l’Avenue Senghor, et visité le marché Kermel. Sous une grande tente, ils ont dégusté un savoureux poulet yassa pour 2 euros.
L’après-midi a été consacré à la découverte des artisans sénégalais. Guidés par Boubou, ils ont visité un marché de tissus et vêtements, vivant une expérience immersive et parfois intense avec des commerçants insistants mais respectueux.
De retour au CVD, ils ont savouré un délicieux repas d’agneau et de riz préparé par Mama Cuisine, concluant cette journée riche en découvertes et contrastes. Dakar, bruyante et vibrante, a laissé une forte impression et renforcé les liens avec ses habitants.
Dakar – Île de Gorée – Sénégal (7 décembre 2024)
Aujourd’hui, nous avons découvert l’île de Gorée, un lieu chargé d’histoire et de beauté. La matinée commence avec un chaleureux café partagé avec Benoît et Joëlle, les grands-parents des enfants. Ces moments en famille sont précieux, et leur enthousiasme pour notre voyage ainsi que leurs récits sur le Sénégal nous ont enchantés.
Nous avons ensuite pris le ferry pour Gorée. L’arrivée sur l’île contraste fortement avec Dakar : eau cristalline, rues colorées et ambiance paisible. Gorée, ancien centre stratégique de la traite négrière, est marquée par son histoire tragique. La visite de la Maison des Esclaves nous plonge dans cette réalité, tout en offrant un espace de réflexion avec des expositions contemporaines.
Au-delà de l’histoire, l’île est un havre artistique et culinaire. Fatou, recommandée par des amis du CVD, nous a régalés avec ses sandwichs garnis d’épices locales, pour un prix imbattable. Après ce festin, nous avons flâné dans les ruelles, découvert des galeries d’art insolites, et profité de la douceur de l’air marin.
De retour au CVD pour le dîner, nous avons savouré un rouget grillé accompagné de riz et d’oignons, préparé par Mama Cuisine. Cette journée, riche en découvertes et en émotions, clôture en beauté le séjour d’Olive et Élodie, qui repartent demain.
Gorée restera une parenthèse marquante de notre séjour au Sénégal, entre mémoire historique et dépaysement total.
Cercle de Voile – Dakar (8 décembre 2024)
Ce matin, nous avons dit au revoir à Olive et Elo, qui repartent en France après une traversée mémorable des Canaries au Sénégal. Merci pour ces moments inoubliables, on vous aime et vous allez nous manquer ! ❤️
La journée se poursuit entre courses, logistique et petits plaisirs. Pendant qu’Emmanuel gère les niveaux de gasoil et d’eau à bord, Sophie, Martine, Paul et moi partons au centre de Dakar pour faire des provisions pour la transat. Auchan nous offre un large choix, et nous chargeons le chariot de plats français et de basiques pour la traversée. Le retour en taxi, dans une voiture d’un autre âge où portières et suspensions laissent à désirer, devient une aventure en soi.
Au Cercle de Voile, Raphaël et Lazare laissent libre cours à leur créativité pendant que le microcosme du CVD, entre plaisanciers et locaux, apporte sa touche de convivialité. Mama Cuisine assure encore avec un riz-poulet délicieux pour le dîner. La journée se termine tranquillement, les garçons profitant d’une soirée pyjama à bord.
Dakar – Almadies (9 décembre 2024)
Dernière journée à Dakar, et direction le bout le plus occidental de l’Afrique ! Après les salutations habituelles au CVD, nous prenons un taxi jusqu’à la plage de Ngor. Face à nous, l’île de Ngor avec ses maisons colorées et sa végétation, un paysage presque paradisiaque malgré les déchets qui jonchent parfois le sable. Sur la plage, biquettes, moutons et même quelques vaches se promènent paisiblement.
Nous traversons les ruelles étroites du quartier, mêlant habitations inachevées mais habitées, échoppes locales et une école. Un contraste marquant entre la beauté de la mer turquoise et le rivage encombré de détritus. En avançant vers les Almadies, nous découvrons de petits restaurants en bord de mer, des surfeurs profitant des vagues et des marchands de souvenirs. Nous déjeunons dans un restaurant délabré mais charmant, savourant un délicieux Maffé en admirant l’océan.
L’après-midi, nous visitons le monument de la Renaissance africaine, immense et impressionnant, trônant sur l’une des collines des Mamelles. Avec des papillons par milliers dans le ciel, le spectacle est saisissant. Le retour au CVD se fait au rythme des embouteillages et du chaos organisé des rues dakaroises.
De retour, nous faisons nos adieux à nos nouveaux amis du CVD, locaux et plaisanciers, après une escale marquante dans la capitale sénégalaise. Un dernier repas préparé par Mama Cuisine, le fameux Thieboudiene, clôture cette journée et notre séjour à Dakar. Demain, cap vers le Saloum pour une nouvelle aventure.
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