Saly – Sénégal 🇸🇳 (10 décembre 2024)
Au revoir à nos amis du CVD ! Martine, Paul, Diane et Thierry sont sur le pont pour nous saluer pendant que nous quittons la baie de Hann. Malgré l’eau pas franchement cristalline et le peu de vent, leur présence rend ce départ chaleureux. Nous récupérons Raphaël, qui a passé la nuit chez Lazare, et prenons soin de sa coupure au pied avant de mettre le cap au sud, en direction de Saly sur la petite côte sénégalaise.
La navigation est calme, presque trop : une légère pétole nous oblige à utiliser le moteur. Au fil de notre avancée, l’eau devient plus claire, et des nuées de papillons blancs virevoltent autour de la girouette, un spectacle fascinant. Nous progressons lentement à travers une mer peu profonde, jalonnée de casiers et de filets de pêche. Arriver à proximité de la côte s’avère compliqué : une barre de sable casse la houle en grosses vagues, rendant l’approche difficile et le mouillage loin d’être abrité.
Nous finissons par jeter l’ancre face à la plage, un peu loin de la côte. La houle nous ballotte sans relâche, rappelant les mouillages parfois rudes de la côte basque. Pas de cocktail ni d’hôtel ce soir, juste une soirée tranquille à bord. Benoît, le grand-père de Raphaël qui vit au Sénégal, nous rend visite pour un rapide apéro.
Demain, départ pour une nouvelle étape vers le Saloum.
Djifere – Embouchure du Sine Saloum, Sénégal 🇸🇳 (11 décembre 2024)
Nous voilà enfin au Saloum, une étape que nous attendions depuis le début de notre voyage ! Après une navigation lente et minutieuse depuis Sali, ponctuée de slaloms entre casiers à poissons, filets et pirogues, nous atteignons Djifere en fin d’après-midi. La mer, véritable champ de mines avec ses fanions colorés ou bouteilles en plastique à peine visibles, a exigé toute notre attention. Heureusement, le soleil et les eaux claires de l’embouchure rendent la progression plus agréable, même si nous avançons au moteur sur une mer d’huile.
Sur le chemin, Luliwa se transforme en arche de Noé : libellules, papillons, moucherons et oiseaux nous tiennent compagnie. À Djifere, nous retrouvons deux voiliers de l’association Voiles Sans Frontières et échangeons avec leurs équipages. Patrick, l’un des navigateurs, nous invite chez Étienne, un Français installé dans une case sur la plage depuis deux ans.
La soirée est chaleureuse et enrichissante : autour d’un délicieux dîner, nous discutons des bolongs, ces bras d’eau qui serpentent dans le Saloum, et des expériences de navigation dans cette région unique. L’atmosphère paisible du lieu et les récits de nos hôtes nous donnent encore plus envie d’explorer ce territoire magnifique.
Demain, nous remonterons les eaux du Saloum, prêts à découvrir ses secrets.
Falia – Sine Saloum, Sénégal 🇸🇳 (12 décembre 2024)
Première incursion dans les bolons du Saloum, direction le petit village de Falia. Nous levons l’ancre à l’aube sous un ciel rose éclatant et naviguons doucement à travers ces bras d’eau paisibles, guidés par les coordonnées GPS laissées par d’autres navigateurs. Le fond descend parfois à 1,80 mètre, mais avec précaution, nous atteignons Falia en un peu plus d’une heure.
Sur place, nous sommes accueillis chaleureusement par Birame, le directeur de l’école élémentaire. Les manuels scolaires que nous apportons pour Voiles Sans Frontières sont transportés en charrette par les enfants jusqu’à l’école. Une fois sur place, nous découvrons les classes, l’ambiance joyeuse et le sourire des élèves et des instituteurs. Raphaël appréhende un peu : il passera la matinée de demain dans la classe de CM2 avec les autres enfants !
Ami, institutrice et native de Falia, nous fait visiter le village. Nous découvrons la Maison des Femmes, une structure où les habitantes s’investissent dans des projets agricoles et aquacoles impressionnants. Plus loin, nous croisons des pirogues chargées de pêcheurs et de femmes collectant des coquillages sur les bancs de sable. La mosquée, l’école coranique, les potagers, les boutiques et les familles nous offrent un aperçu de la vie quotidienne ici.
De retour à bord, nous préparons des gâteaux marbrés pour le dîner auquel nous sommes invités par les enseignants et directeurs de l’école. La soirée se déroule sur un tapis, autour d’un grand plat de pommes de terre, coquillages et oignons, accompagné de bissap, de jus de pain de singe et de thé à la menthe. Les discussions portent sur les défis de l’éducation dans la région : beaucoup d’enfants quittent l’école après le primaire, attirés par la pêche ou des perspectives incertaines en Europe.
Un moment riche en échanges et en émotions. Demain, place à une immersion encore plus profonde, avec Raphaël en écolier d’un jour.
Falia et départ vers Mar Lodge – Sine Saloum, Sénégal 🇸🇳 (13 décembre 2024)
Le jour se lève doucement sur Falia, baignant le village d’une lumière dorée. Après une nuit paisible bercée par les sons de la nature, nous rejoignons l’école à 8h pour y déposer Raphaël, courageux avec son cartable sur le dos, prêt à vivre une matinée en classe de CM2.
Les 17 élèves de la classe, dont une majorité de filles, l’accueillent avec curiosité. Ils corrigent ensemble les évaluations de la veille, sous l’œil attentif de l’instituteur. À 11h, pause sandwich dans la cour avant de reprendre les cours jusqu’à 13h. Pendant ce temps, nous visitons les autres établissements du village soutenus par Voiles Sans Frontières, comme le collège où des panneaux solaires et un système d’approvisionnement en eau ont été installés. Nous rendons également visite à Ami et aux enfants du jardin d’enfants, offrant une boîte de thé en remerciement pour son accueil la veille.
De retour à l’école élémentaire, une petite cérémonie est organisée dans la cour. Les élèves sont regroupés pour annoncer les résultats des évaluations, et nous recevons des remerciements chaleureux pour notre contribution avec VSF. Un moment touchant que nous immortalisons avec des photos et des échanges émouvants.
Après le déjeuner, nous quittons Falia pour explorer les bolongs. Le Saloum révèle toute sa beauté sauvage, mais aussi ses défis. À marée basse, la profondeur chute soudainement, nous obligeant à avancer avec une extrême précaution. Malgré nos efforts, Luliwa s’échoue brièvement sur un banc de sable, mais une marche arrière rapide nous remet à flot.
Nous jetons l’ancre pour la nuit devant le Hakuna Lodge, niché dans la savane. Le paysage, digne d’une carte postale africaine, s’étend à perte de vue, doré par le soleil couchant. Nous partageons un apéritif avec une famille québécoise en tour du monde, installée dans le Saloum depuis plusieurs semaines. Leurs conseils avisés sur la navigation et les découvertes locales promettent d’enrichir notre séjour.
Le calme absolu du lieu, ponctué par les bruits lointains de la brousse, nous donne l’impression d’être au bout du monde. Une soirée parfaite pour conclure cette journée riche en émotions et en aventures.
Marlothie – Sine Saloum, Sénégal 🇸🇳 (14-15 décembre 2024)
Nous quittons le Hakuna Lodge aux premières lueurs du jour, émerveillés par un lever de soleil flamboyant. Les nuits dans le Saloum, bercées par le silence et la fraîcheur, sont décidément parmi les meilleures de tout notre voyage. Après un copieux petit-déjeuner, nous partons à pied pour explorer le village de Marlothie, situé sur une île accessible à marée basse.
La marche à travers la brousse sèche est paisible, ponctuée par des rencontres insolites : des vaches qui paissent au loin, des chiens jaunes curieux qui nous suivent, et des charrettes qui passent sur les sentiers poussiéreux. À notre arrivée au village, nous faisons la connaissance de Lydie, une habitante qui se propose spontanément de nous faire visiter.
Sa visite nous plonge dans l’intimité de la vie villageoise : nous rencontrons sa famille et partageons un moment intense avec une jeune maman qui vient d’accoucher il y a trois jours. Elle nous présente son bébé, un geste aussi surprenant qu’émouvant. Le baptême aura lieu la semaine prochaine, et on plaisante (ou pas) sur la possibilité que l’enfant porte l’un de nos prénoms.
Après avoir dégusté du bissap et des cacahuètes grillées, nous découvrons les ruelles sablonneuses du village, son arbre sacré symbolisant l’union des croyances, et sa place publique animée. La visite se termine au marché artisanal, où les attentes sont claires : il faut acheter ! Nous repartons donc les bras chargés de petits trésors locaux avant de rentrer au bateau en charrette, le soleil de midi étant impitoyable.
De retour à bord, nous sommes confrontés à un imprévu : marée basse et vent nous poussent doucement mais sûrement vers la berge. Paniqués, nous levons l’ancre pour éviter que Luliwa ne s’échoue. La manœuvre est délicate mais efficace, et nous remouillons enfin en sécurité.
La journée se termine par un apéro dînatoire chaleureux en compagnie de nos amis québécois rencontrés la veille. Ces moments partagés avec eux, entre discussions animées et éclats de rire, ajoutent une belle note à notre séjour dans ce petit coin de paradis.
Travaux à l’école de Falia – Sine Saloum, Sénégal 🇸🇳 (16-17 décembre 2024)
Retour à Falia pour une mission qui nous tient à cœur : rénover une salle de classe de l’école primaire avec l’appui de l’association Voiles Sans Frontières (VSF).
Dès notre arrivée, nous rencontrons Fadi, l’artisan chargé des travaux, déjà à l’œuvre pour appliquer une couche de primaire sur les murs. Armés de balais, d’éponges et d’une bonne dose de patience, nous commençons par nettoyer les murs et le sol, recouverts de poussière accumulée. Puis vient l’enduit : combler les fissures et les trous s’avère laborieux, d’autant que les matériaux, comme le ciment mêlé à des coquillages, ne rendent pas toujours la tâche facile. Mais chacun met la main à la pâte avec enthousiasme.
La peinture, d’un joli bleu ciel, illumine peu à peu la classe. Le tableau noir fraîchement repeint donne une allure neuve à la salle, prête à accueillir les élèves.
Ces deux jours de travaux sont riches en découvertes et en apprentissages : Garance se perfectionne dans l’art de l’enduit, Emmanuel pousse ses limites en bricolage, et Raphaël, après une évaluation en arabe, enrichit son vocabulaire wolof avec des mots comme nen (œufs) et mboro (pain). L’expérience est aussi une leçon sur la résilience : dans un environnement où le sable, le sel et la qualité précaire des matériaux mettent les constructions à rude épreuve, les habitants redoublent d’ingéniosité pour bâtir et réparer.
Outre les travaux, nos journées à Falia sont ponctuées de balades dans la brousse. Nous visitons le village voisin de Siwo, accompagnés par des enfants curieux et joyeux qui nous suivent partout. Le retour en charrette, bien que moins fatigant, met nos dos à l’épreuve avec son "tap-cul" redoutable.
Le soir, nous accueillons à bord le directeur de l’école, le principal du collège et l’instituteur de Raphaël. Chacun, smartphone à la main, immortalise la visite pour des FaceTime avec leurs proches. Les discussions sont animées, portant sur la vie à bord de Luliwa : gestion des déchets, navigation de nuit, approvisionnement, ou encore financement du projet.
Avant de lever l’ancre, nous savourons l’accomplissement de notre mission. Si les défis restent nombreux pour Falia, notamment en termes de logements pour enseignants, de sanitaires et d’équipements, ces deux jours nous laissent un sentiment d’humilité et de gratitude. Le lien tissé avec les habitants et les paysages paisibles des bolongs marquent profondément notre expérience.
En route vers Toubakouta, escale à Sangomar (18 décembre 2024)
À l’aube, nous quittons Falia pour reprendre la route vers la façade maritime, avec pour objectif d’emprunter un bolong plus au sud en direction de Toubakouta. Malheureusement, les horaires de marée ne jouent pas en notre faveur, et nous naviguons à contre-courant. La progression est lente, à peine 2,5 nœuds malgré l’aide du moteur, dans des eaux peu profondes.
En milieu de journée, nous décidons de jeter l’ancre dans l’aire marine protégée de Sangomar, un havre de paix au cœur du delta du Saloum. C’est ici que nous avons eu la joie de partager un moment unique avec une classe de 5ᵉ du collège de Saint-Gaudens, grâce à un projet pédagogique monté en collaboration avec le rectorat de Toulouse.
En visioconférence, les élèves, encadrés par leur professeur Mme Cartier, ont posé des questions passionnantes sur notre quotidien en mer. Ils s’intéressent à l’organisation des quarts, la navigation de nuit, nos moments préférés, les tempêtes traversées, les langues que nous avons pratiquées, et les raisons qui nous ont poussés à entreprendre ce voyage. Leur curiosité et leur attention ont rendu cet échange particulièrement enrichissant, un vrai plaisir pour nous de partager notre aventure avec eux.
L’après-midi, nous reprenons la route vers le bolong de Diofandor. Malheureusement, le courant est encore contre nous, rendant notre progression laborieuse. Pas de doute, nous devons revoir notre timing pour mieux jouer avec les marées ! Demain sera une meilleure journée, c’est certain. 😊
Shell Island, Sine Saloum (19 décembre 2024)
Nous poursuivons notre exploration du sud du Sine Saloum en naviguant dans le bolong de Toubakouta pour atteindre Shell Island, une île singulière bordée de palétuviers et parsemée de coquillages. Cette langue de terre, ornée de majestueux baobabs, offre un cadre enchanteur, où nature et sérénité se mêlent harmonieusement.
En fin de journée, nous assistons à un spectacle unique : la tombée de la nuit sur un gigantesque palétuvier qui se transforme en sanctuaire pour des centaines d’oiseaux. Grues, aigrettes, martins-pêcheurs, et, pour couronner le tout, des pélicans arrivent tour à tour pour se poser. Le ballet aérien est à la fois magique, bruyant et, disons-le, un peu odorant. Mais l’émerveillement l’emporte, et nous profitons pleinement de ce moment rare au cœur de la nature.
Cependant, une mésaventure inattendue vient troubler notre quiétude : une invasion d’abeilles à bord du bateau ! 🐝 Ces petites intruses, bien qu’inoffensives et peu vigoureuses, se sont faufilées en masse dans le cockpit, contournant nos moustiquaires. Malgré nos efforts pour les repousser, nous finissons par fermer hermétiquement le bateau, au prix d’une chaleur étouffante. Armés d’une raquette électrique et d’une cuillère à soupe, nous menons une bataille acharnée contre cette nuée volante.
Cette journée à Shell Island restera gravée dans nos mémoires, entre émerveillement devant la faune et cohabitation forcée avec des invités inattendus. Demain, quelle autre aventure la nature nous réserve-t-elle ? 😊
Toubacouta, Sine Saloum (20 décembre 2024)
Après plusieurs jours d’aventures dans les bolongs, nous faisons une pause bien méritée à Toubacouta, où Luliwa est au mouillage juste en face du Keur Saloum Lodge. Cette escale nous permet de découvrir une facette différente de la région, marquée par les rencontres avec les figures locales.
Nous partageons un maffé chez Boum, un incontournable du village, et faisons connaissance avec des expatriés installés ici depuis des années. Ces résidents, qui gèrent lodges et activités touristiques, ont des histoires fascinantes et regorgent d’informations pratiques précieuses. Il est toujours étonnant de constater comment la vie peut s’organiser dans ce coin reculé, malgré la relative accessibilité par la route.
Raphaël et Sophie profitent de l’après-midi pour se détendre au bord de la piscine du lodge, avant de partir en quête de provisions. Contrairement à Falia, les étals proposent ici des fruits variés – oranges, pommes, bananes –, mais les légumes se font encore attendre. Peut-être en trouverons-nous demain au marché ?
Cette escale à Toubacouta, entre calme et rencontres enrichissantes, marque une parenthèse agréable avant de reprendre notre exploration des merveilles du Sine Saloum.
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